Le 25 février dernier l’association Rennes 1 Legal Lab inaugurait la première conférence dédiée à la Legal Tech au sein de l’Université de Rennes 1. Pour cette première, l’association étudiante rennaise a reçu les Legal Tech Lawyers Thomas Saint-Aubin et Gibran Freitas de Seraphin.legal, ainsi que les avocats Kami Haeri et Bernard Lamon, coauteurs du rapport sur « L’avenir de la profession d’avocat », remis en 2016 au garde des Sceaux de l’époque, Monsieur Jean-Jacques Urvoas.
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Durant près de 3 heures, les intervenants ont échangé sur le sujet du jour : « Transformation digitale du droit et Legal Tech ». À cette occasion, les étudiants et professionnels présents ont eu l’occasion d’échanger directement avec les conférenciers sur les nouveaux enjeux issus de l’évolution du marché du droit.
À travers l’association Rennes 1 Legal Lab, les étudiants étaient à l’honneur pour cette première édition. Kami Haeri a donc ouvert cette table ronde : « Les cycles technologiques peuvent rendre obsolète la formation des juristes. Nous avons une responsabilité de dire aux étudiants les qualités de savoir être qui seront attendues d’eux ». En effet, l’absence de sensibilisation des étudiants en droit aux évolutions du marché s’est révélée être un point important pour les étudiants présents. Si certains d’entre eux se projettent comme des professionnels du droit augmentés par l’intégration de technologies dans leur activité – des Legal Tech Lawyers en devenir, d’autres imaginent de nouvelles perspectives ouvertes par la Legal Tech et pourquoi pas travailler au sein d’une Legal startup.
Pour les étudiants présents une chose est sûre : l’intégration de savoirs technologiques appliqués au droit est primordiale pour réussir son insertion dans le monde professionnel d’aujourd’hui et, a fortiori, dans celui de demain. Cette acquisition de savoir est une priorité pour Bernard Lamon, fondateur du cabinet rennais Nouveau Monde, qui pousse cette réflexion : « La réintroduction des maths en fac de droit est une nécessité, car pour bien conseiller un client demain il faudra maîtriser les outils de prédiction et les règles élémentaires de probabilité ».
Thomas Saint-Aubin, CEO de Seraphin.legal, est venu appuyer cette nécessité de former des juristes augmentés tant le besoin humain est peu satisfait pour les entrepreneurs du droit : « En 2018 la Legal Tech représente 700 millions d’euros au niveau mondial ; on a malgré tout du mal à trouver des talents et des compétences en adéquation avec l’évolution de la place du droit dans la société et l’essor des nouvelles technologies ». Le juriste doit ainsi prendre le lead sur l’évolution numérique et l’Université de Rennes 1 doit continuer de montrer l’exemple à l’image de l’initiative étudiante des Rennes 1 Legal Lab.
Si les profonds changements qui s’opèrent sur le marché doivent être maîtrisés par les étudiants, professionnels de demain, il en est de même pour les professionnels en activité qui doivent composer entre les méthodes traditionnelles et les nouvelles opportunités ouvertes par la Legal Tech. La trentaine d’avocats et autres professionnels du droit présents pour ce premier Rennes 1 Legal Lab ont également pu échanger avec les conférenciers sur l’impact de la digitalisation sur leurs activités.
À ce sujet, Gibran Freitas, fondateur de Legal Tech Africa rappelle : « Il faut adapter la profession d’avocat pour qu’elle soit compatible avec les évolutions du numérique et que la Legal Tech permette de fournir au client une réponse adaptée dans un délai qui sera de plus en plus réduit ». Cette pensée a également été partagée par Bernard Lamon qui a exposé la journée type d’un juriste en 2035 et qui voit ce quotidien du futur facilité et optimisé par l’intelligence artificielle et par l’intégration de solutions technologiques dédiées aux professionnels du droit.
En tant que spécialiste du droit des données, Thomas Saint-Aubin a également prévenu les professionnels présents de l’enjeu majeur que représentent la compilation et le traitement des données. Que ce soit en termes de contract management, d’aide à la prise de décision ou de toute autre application juridique, le machine learning est l’un des piliers de la digitalisation du droit. Kami Haeri a également insisté sur cette réflexion en l’élargissant à la société et en insistant sur la véritable source de richesse que constituent les bases de données.
Cette première pour Rennes 1 Legal Lab, organisée avec l’aide de Legal Innovation Paris, a donc été un succès. L’association projette déjà de mener de nouvelles collaborations avec Seraphin.legal !